Programme de HLP

Programme HLP en Terminale

Proposition de lectures et traversées du programme en Terminale HLP

 

 

 

Semestre 1 : La recherche de soi

 

Le premier semestre de la classe terminale est consacré à la problématique de la recherche et de la formation de soi – problématique à tous égards centrale dans la culture, dans la littérature et la philosophie modernes. La période de référence – du romantisme au XXe siècle – a été dans toute l’Europe celle de grandes mutations sociales et politiques, mais aussi intellectuelles et esthétiques, qui ont entraîné de profondes transformations dans la manière de concevoir les rapports entre l’individu et la société, les modèles d’éducation et les formes de la liberté. L’étude de « la recherche de soi » se décline en trois chapitres, le premier consacré à l’éducation et aux idéaux d’émancipation, le deuxième aux nouvelles manières de sentir et à leur exploration, le troisième aux aspirations et aux inquiétudes de l’âme moderne et au problème de la connaissance de soi. Des références peuvent être choisies avec profit parmi les œuvres des périodes antérieures, notamment l’Antiquité et l’Âge classique. 

 

 

Éducation, transmission, émancipation·

L’époque des Lumières a marqué une double rupture avec les modèles d’éducation hérités de l’humanisme de la Renaissance. Pour un grand nombre d’auteurs, l’apprentissage des choses doit désormais primer la culture des mots, et l’éducation se centrer sur l’utile (pratique et social). Une nouvelle attention est portée aux manières de penser des enfants et au langage à tenir avec eux. Sur ces questions, les idées pédagogiques de Rousseau (Emile ou de l’éducation, 1762) ont essaimé jusqu’au milieu du XXe siècle avec les mouvements dits d’éducation nouvelle. Dans le même temps, l’idée s’impose qu’une nation moderne doit se préoccuper de la formation des individus et par conséquent se doter d’un véritable système d’éducation publique. Dans la lignée de Condorcet, l’Instruction des enfants des deux sexes devient la clé de la démocratie et des libertés. Les penseurs révolutionnaires mettent quant à eux l’accent sur les conditions sociales et politiques de l’émancipation des individus. En Europe comme en Amérique, le tournant du XXe siècle est le moment d’un vaste débat sur les finalités de l’éducation scolaire, ses méthodes et son extension. Le rôle nouveau de l’institution scolaire se marque par la place que prennent dans les récits du XIXe siècle les souvenirs d’écoliers, qu’ils soient romancés ou autobiographiques. Il s’agit toujours de comprendre ce qu’un individu est devenu à partir de ce qu’il a reçu, mais aussi de ce avec quoi il a rompu. Les textes de cette période fournissent matière à réflexion, par exemple, sur les différents âges de la vie et ce que veut dire être adulte ; les formes de l’enseignement et celles de l’apprentissage ; les parts respectives de la famille, de l’école et de la société dans l’éducation ; l’aspiration à la liberté dans ses rapports avec les institutions et les traditions. À l’horizon de ces interrogations se trouvent la définition d’une éducation moderne et la question de la justice sociale et de l’équité au sein d’un système éducatif. 

 

-Kant Qu’est-ce que les lumières : comment on passe du  “dominus au magister”

-Rousseau : Emile et son éducation

-Condorcet : l’importance politique de l’instruction publique et la controverse de l’éducation nationale / l’instruction des filles et des parents

 

 

Les expressions de la sensibilité·

La revendication des droits de la sensibilité s’est progressivement affirmée au XVIIIe siècle. Diderot, Rousseau, Goethe introduisent dans leurs œuvres un nouveau langage, au plus près de la variation et de la complexité des sentiments. À ce titre, ils ont ouvert la voie aux romantismes européens, attentifs à tous les mouvements de l’âme, à sa communication avec la nature et aux forces qui trament la destinée des individus. La restitution, sur divers modes (direct ou indirect, analytique ou symbolique…), des perceptions dans ce qu’elles ont de subjectif, des passions dans leur développement, des pensées telles qu’elles surviennent, constitue l’un des grands objets de la littérature et des arts dans la période de référence. Ce souci a croisé les courants « réaliste » ou « naturaliste » et le nouveau regard porté sur des sociétés transformées par la révolution industrielle. Dans le même temps, la philosophie et la psychologie ont exploré les données premières de la conscience, l’expérience subjective du corps, les relations de la sensibilité et de l’intelligence, les pathologies de l’esprit et des sens, et jusqu’à la possibilité de décrire le flux du vécu. L’attention s’est portée sur la formation des sentiments moraux ainsi que sur les formes et objets de l’émotion esthétique en lien avec les différents arts. De là notamment une nouvelle sacralisation de l’art et de la personnalité créatrice, et la recherche de nouvelles relations entre art et spiritualité. Comment décrire le  monde ou la vie selon l’expérience qu’un individu en fait ? Comment exprimer la manière intime dont un événement affecte un sujet ? Comment caractériser la vie intérieure d’un personnage de fiction et dépeindre sa sensibilité ? Ces questions sont aussi celles des rapports entre l’expérience privée et le langage commun : lorsque nous communiquons les uns avec les autres, comment faisons-nous pour donner le même sens aux mots que nous employons?

 

-Rousseau : le développement de la sensibilité et l’écoute de ce qui est naturel en soi-même / les sentiments moraux

-Bergson : la conscience de soi/ la mémoire

-O. Wilde : les choses du monde et la nature sont parce qu’on les voit et y sommes sensibles

-Jacob Von UEXKULL; Mondes animaux et monde humain

-COULOMBE Maxime; Petite philosophie du zombie

 

 

 Les métamorphoses du moi·

Que désigne-t-on précisément par ce mot, « moi » ? Ce qu’on appelle communément le moi a-t-il une réalité nette et stable ? Comment caractériser son unité et son identité ? Qui le connaît le mieux, et comment le décrire ? Quelle part accorder, dans sa définition, à la société et au regard des autres ? Toutes mes actions et toutes mes pensées émanent-elles de « moi » au même degré ? Ces questions sont anciennes ; certaines d’entre elles remontent à l’Antiquité (cf. les Confessions de saint Augustin : « Je suis devenu pour moi-même une énigme »). Pour le sujet moderne, contraint de chercher sa place dans une société élargie, transformée et traversée de multiples tensions, de telles questions n’ont pu que gagner en acuité. Prétention à un contrôle absolu ou abandon à l’impulsion immédiate, ivresse créatrice ou expériences de la dépersonnalisation, enthousiasme révolutionnaire ou souci exclusif de l’intérêt privé, recherche des émotions les plus raffinées ou paroxysme du conflit intérieur, passion du lointain ou mystique de l’enracinement, ferveur religieuse ou exaltation de l’extrême liberté : toutes ces figures de la subjectivité et d’autres encore coexistent dans la culture du « long XIXe siècle » (1789-1914). Avant même les immenses traumatismes des deux guerres mondiales, nombreux sont les écrivains, artistes et penseurs à mettre en scène, figurer et souligner dans des formes nouvelles les déchirements internes à l’individualité moderne. C’est ainsi notamment que la diffusion des théories et des pratiques psychanalytiques a profondément marqué la culture du XXe siècle. À quelle connaissance de nous-mêmes sommes-nous capables d’accéder ? Cette interrogation est encore la nôtre.

 

-Pascal : qu’est-ce que le moi?

-Freud : le moi n’est plus le maître en sa propre maison

-Tournier : le moi sans les autres est-il encore quelque chose?

-Le moi comme construction sociale / sociologie/ Durkheim et le suicide

 

 

 

 

 Semestre 2 : L’Humanité en question

 

Le second semestre de la classe terminale achève les explorations proposées au cours des deux années du programme d’Humanités, littérature et philosophie. Il aborde, à partir de textes littéraires et philosophiques, les interrogations et les expériences caractéristiques du monde contemporain. Un premier chapitre, « Création, continuités et ruptures », porte sur la conception même de l’activité créatrice et sur les relations entre art et société à travers les bouleversements intervenus depuis le début du XXe siècle. Le deuxième chapitre, « Histoire et violence », part des grands conflits et traumatismes du XXe siècle, qui ont changé notre vision de l’Humanité et notre compréhension de l’histoire. Il propose d’étudier les diverses formes de la violence et leur représentation dans la littérature, ainsi que les questions philosophiques qui leur sont liées. Le dernier chapitre, « L’humain et ses limites », s’articule plus directement aux avancées scientifiques et technologiques récentes qui modifient le rapport des hommes à l’environnement, à la société et à eux-mêmes. 

 

Création, continuités et ruptures·

Le XXe siècle a été, dans tous les domaines de la culture, une ère de ruptures et de transgressions. Dès avant la Première Guerre mondiale, le rejet de l’ordre « bourgeois » et la recherche de formes nouvelles s’affirment dans tous les domaines de l’art et de la littérature. L’expressionnisme, le futurisme, le mouvement Dada et, après la guerre, le surréalisme multiplient les manifestes à la fois esthétiques et politiques, et se placent à l’« avant-garde » des évolutions artistiques. En philosophie, la phénoménologie, l’empirisme logique, les courants marxistes représentent, chacun à leur manière, une même volonté de rupture avec des formes de pensée instituées. De la théorie des ensembles à celle de la relativité, de la physique quantique à l’anthropologie, tous les domaines du savoir connaissent de profonds bouleversements, d’où résulte en philosophie l’idée d’une crise de la rationalité. Dans la première moitié du XXe siècle, les avancées techniques de toute nature, les nouveaux moyens de transport et de communication, le développement de la radio et du cinéma redessinent la physionomie du monde et transforment l’environnement culturel. L’idée que l’innovation ira toujours s’accélérant nourrit tout un imaginaire d’anticipation, entre nouveaux enthousiasmes et nouvelles peurs. Le modernisme a paru un moment triompher dans tous les domaines, avant que les critiques à son endroit ne se multiplient. Dans l’ensemble des arts, son héritage est considérable : éclatement des formes narratives, métissage des traditions, expérimentations généralisées en poésie, en musique, dans les arts de la scène et dans les arts plastiques, utopies architecturales, travail sur les limites de la représentation… Certaines propositions parmi les plus marquantes ont proclamé la « fin » de l’art et de la littérature. D’autres ont assumé leur lien avec les œuvres du passé qu’elles réinterprètent. C’est aussi le cas en philosophie. Y a-t-il des ruptures radicales en art, en littérature ou dans la pensée ? L’ancien – qui remplit les musées, les bibliothèques, les cinémathèques, et dont on célèbre la valeur patrimoniale – ne subsiste-t-il pas, en accord ou en tension, à côté du nouveau ou à travers lui ? L’histoire de la culture de l’époque contemporaine invite à réfléchir sur cette complexité et à se demander si d’autres époques ont connu des querelles et débats comparables. 

-Freud création d’un nouveau concept de “conscience de soi” et d’inconscient

-Foucault : histoire de la folie / rupture historique

-Bachelard : la rupture épistémologique dans les sciences

-ruptures et continuités en art (contemporain)

 

Histoire et violence·

L’histoire contemporaine a connu des destructions et des massacres sans précédent par leur nature et par leurs dimensions, en particulier mais non exclusivement lors des deux guerres mondiales. Par ailleurs, elle a vu de nombreux peuples soumis jusque-là à diverses formes de domination revendiquer leur dignité et leur indépendance. Jamais sans doute écrivains et philosophes n’auront été autant confrontés à l’histoire et à sa violence, avec la nécessité, selon les uns, d’inventer des formes de langage à la mesure d’épreuves et de situations souvent extrêmes ; et, selon les autres, de soumettre à un nouvel examen critique l’ancienne confiance « humaniste » en un progrès continu de la civilisation. La violence dont toutes les sociétés humaines ont fait l’expérience est-elle irréductible ? Ou bien l’histoire universelle donne-t-elle les signes d’une marche vers des relations pacifiées dans le cadre d’États de droit et d’institutions internationales ? Si la violence précède le droit quel droit pourra la limiter dans la plus grande mesure et de la manière la plus durable ? Avec les tragédies et les horreurs du XXe siècle, ces questions d’anthropologie, de philosophie de l’histoire et de philosophie politique n’ont fait que gagner en intensité. En outre, qu’appelle-t-on « violence » ? Toutes les violences sont-elles comparables ? Il convient de distinguer entre les types de guerre (par exemple, une guerre de conquête n’est pas une guerre de libération) et entre les régimes politiques (un régime oppressif n’est pas nécessairement une entreprise totalitaire) comme entre les formes de violence sociale (au sein d’une même société, certaines violences quotidiennes et parfois diffuses, peuvent prendre d’autres formes que celle de l’agression physique). Pour dire ou tenter de dire les différentes formes de violence, mais aussi pour les soumettre au jugement, la littérature a ses pouvoirs propres, que ce soit sous la forme du témoignage, avec l’effort d’objectivation qu’il implique, ou dans des œuvres d’engagement et de dénonciation qui prétendent agir sur le cours de l’histoire. Mais la littérature dispose d’un autre pouvoir encore, celui d’exprimer dans l’écriture la réalité de la violence jusque dans sa dimension d’inhumanité. 

 

-Kant : les progrès dans l’histoire

-Hegel/

-Marx : deux visions opposées de la violence et de sas nécessité dans l’histoire

 

L’humain et ses limites·

« Jusqu’où peut-on aller ? » : telle a été la question de l’âge moderne, et particulièrement du XXe siècle, s’agissant de l’extension des capacités humaines liée à la technique. Invention et perfectionnement de machines et de systèmes de toutes sortes, nouveaux instruments pour la médecine, architectures partant à l’assaut du ciel, conquête de l’atome et de l’espace, tout a paru promettre à la technique un pouvoir sans limite dont le développement du numérique, de la génétique et de l’intelligence artificielle sont aujourd’hui l’expression la plus spectaculaire. Ces progrès ont toutefois leur envers : les nouveaux pouvoirs offerts par la technique engendrent de nouvelles contraintes et de nouvelles dépendances ; les systèmes de captation des richesses n’ont cessé de se perfectionner ; les moyens de destruction ont changé d’échelle, et notre actualité est hantée par des déséquilibres majeurs, aussi bien au sein des sociétés et entre les peuples que sur le plan écologique. La question écologique n’est plus seulement celle de la préservation des espèces, mais elle laisse entrevoir le spectre d’un monde inhabitable. Une part de l’imaginaire contemporain (dystopies, mondes post-humains, univers parallèles) consone avec ces inquiétudes. Bien avant de décrire et d’analyser le nouvel univers technique et d’en imaginer les développements, littérature et philosophie ont évoqué les limites de l’action humaine sur la nature. Aujourd’hui, les nouvelles possibilités d’interventions sur l’homme lui-même (biotechnologies, technologies numériques…) soulèvent le problème de la définition de l’humain et de la vie humaine désirable. Dans ce contexte, une partie de la philosophie contemporaine renouvelle la question de la finitude de l’homme, soit pour avertir des dangers moraux et politiques de son oubli, soit pour en dégager une dimension paradoxale : cet être « fini » fait l’expérience de l’illimité. Quelle sorte de bonheur et quelle durée de vie pour un homme entièrement « réparé », voire « augmenté » ? Comment penser l’équilibre entre exploitation et conservation de la nature ? Le nouvel univers numérique et ses réseaux créent-ils une nouvelle sociabilité ? À travers de telles questions qui touchent aux limites de l’humain, il s’agit de réfléchir, avec la littérature et la philosophie, à ce que peut signifier aujourd’hui l’idée d’humanité.

 

-Enjeux de la technique et de ses “progrès”

-les dystopies et l’homme augmenté

-le virtuel au secours du réel ?

-Jonas : le principe de responsabilité envers les générations futures

 

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