Ma thèse en 5 minutes

  • Projet d’installation artistique philosophique sur la Nature

Par Michel Murarotto, professeur de philosophie.

 

les nouveaux pouvoirs offerts par la technique engendrent de nouvelles contraintes et de nouvelles dépendances ; les systèmes de captation des richesses n’ont cessé de se perfectionner ; les moyens de destruction ont changé d’échelle, et notre actualité est hantée par des déséquilibres majeurs, aussi bien au sein des sociétés et entre les peuples que sur le plan écologique. La question écologique n’est plus seulement celle de la préservation des espèces, mais elle laisse entrevoir le spectre d’un monde inhabitableProgramme HLP (en terminale); L’humanité en question, L’humain et ses limites.

 

I) Thèmes généraux: La Nature (tronc commun Philosophie) / Les limites de l’action humaine sur la nature (Humanités Littérature et Philosophie)/ s’engager  démocratiquement dans un monde d’incertitudes (EMC).

II) Cadre du projet :  relatif aux 9 (10) limites Planétaires

III) Objectifs :

N°1 : a) penser la question de LA Nature dans le cadre des notions du programme de philosophie du tronc commun de la série générale ou technologique.  b) Travailler l’Axe 2 du programme en éducation morale et civique (EMC), “Comment construire l’avenir de la démocratie dans un monde d’incertitudes ?” c) s’exercer à penser les limites de l’action humaine dans le programme de terminale Humanité Littérature et philosophie (HLP), L’humanité en question” et d) à passer de l’écrit à l’oral et à certaines exigences du Grand Oral.

N°2 : penser en acte par la mise en oeuvre d’une installation “artistique” participative pour agir et faire agir : faire prendre conscience des enjeux sur la Nature et l’action humaine, ses limites et ses engagements.

N°3 : écrire une thèse sur la Nature intitulée : « Ma thèse sur la Nature en 5 minutes »

N°4 : Oraliser cette thèse dans un petit podcast disponible via un QR code

 

IV) Organisation des travaux des élèves (séries générales en terminale)

  • Seul ou en groupe (comme pour le Grand Oral, les travaux et recherches peuvent se faire en groupe, mais la thèse soutenue se fera individuellement)
  • Choisir un thème sur la Nature (contenus proposés par le professeur ou libres) correspondant au thème étudié, soit en tronc commun, EMC ou HLP.
  • Défendre une thèse à l’écrit (individuellement, même si le travail se fait en groupe), environ une page (500/600 mots). Des plans sont proposés par le professeur pour scénariser les contenus de la thèse. On pourra se servir de textes, de podcasts ou d’articles, faire des citations, des commentaires, pour soutenir la thèse personnellement sur la Nature et sur le thème choisi (tronc commun de philosophie, EMC ou HLP).
  • Oraliser sa thèse en s’enregistrant: la durée de l’enregistrement doit se situer idéalement à 5 minutes (comme pour la première partie du Grand Oral). Objectif (quantitatif) de vitesse de lecture 100/120 mots à la minute (en mettant des intonations). Proposition d’exercice (qualitatif) de diction et d’exploration du discours.
  • Créer un QRcode attaché au fichier audio (préalablement enregistré) et donner un titre à sa thèse soutenue, l’envoyer ensuite par mail au professeur (objectif relatif aux Repères de progressivité de maîtrise des compétences numériques). Pour générer un lien URL, un lien iframe ou un QRcode on pourra utiliser :  Vocaroo (https://vocaroo.com/) , Ausha (https://fr.ausha.co/) ou Direct podcast (https://directpodcast.fr/) et envoyer le lien sur l’ENT ou une adresse mail pour permettre une correction.
  • Placer sa thèse dans l’installation artistique participative (salle de conférence du Lycée Courbet, Territoire de Belfort) du 17 au 19 janvier 2023.
  • Participer au projet en écoutant et lisant les thèses des autres participants; dans le respect du règlement général sur la protection des données (RGPD) après signature d’une autorisation de captation de la voix .
  • Tendre une cordelette (de 6.50m qui sera fournie) entre les 9 (10) assemblages de chaises symbolisant les 9 (10) limites planétaires et les liens qui les unissent dans un monde “relié et sous contrainte”.

 

V) Contenu des productions écrites et orales :

  • Les productions écrites (thèses) reposent sur un travail de recherche et de synthèse préalable. Les contenus sont parfois fournis par le professeur, mais la difficulté pour l’élève réside dans le fait de devoir problématiser à partir de ces contenus pour écrire une thèse et soutenir une position. La démarche doit être critique et l’élève doit se poser la question de la légitimité des données, les interroger et se demander à partir de là “à quelle question ma thèse apportera une solution”.
  • Les productions écrites réclament une vision personnelle des faits, des informations trouvées ou fournies, ainsi qu’une perspective existentielle. Comme pour le Grand Oral, il s’agit d’un engagement de toute la personne, sachant que les productions écrites et orales seront exposées pendant plusieurs jours.
  • En passant de l’écrit à l’oral, l’élève produit une parole singulière d’un être en construction, montrant le déploiement d’une pensée qui s’oralise dans sa spécificité, structurée pour être audible en reposant sur une argumentation.
  • La maîtrise des contenus écrits réclame une maîtrise du propos par l’élaboration ou la scénarisation, avant l’oralisation de la “thèse”.
  • La durée de l’oralisation de la thèse est de 5 minutes, comme pour le Grand Oral.

 

VI) Objectifs en lien avec le Grand Oral :

  • Formuler une thèse et la défendre, c’est d’abord se poser une question à partir des contenus proposés par le professeur ou trouvés dans ses recherches, comme pour le Grand Oral.
  • Il faut donc que la question et la réponse s’appuient sur des contenus du programme de spécialité (ou du tronc commun) et sur des recherches menées sur un thème du programme. Elles ne peuvent être une sous-partie du programme.
  • Il faut que la thèse, la position, l’engagement reposent sur une problématisation qui permette d’entrer dans un véritable questionnement, afin que les arguments avancés prennent sens pour l’élève. Elle ne peut se réduire à une analyse de cas.
  • Il est nécessaire que la thèse engage une parole propre, même si les recherches sur une même thématique peuvent être réalisées en groupe. Cela ne peut être un exposé ou une suite de constats.
  • Comme la thèse écrite puis oralisée s’adresse à un public varié, il faudra engager un propos accessible à un public expert et non-expert. Il ne s’agit pas d’un discours complexe adressé seulement à des spécialistes.
  • La réponse à la question que les élèves se posent (la thèse) devra permettre une élaboration argumentée, même si elle n’est que partielle, sachant que l’oralisation de la thèse ne dure que 5 minutes.
  • L’objectif de la réalisation de la thèse en 5 minutes est directement lié aux attendus de la première partie du Grand Oral au Baccalauréat.
  • Pour préparer le Grand Oral, il est possible de : a) regarder les contenus des programmes de première des deux spécialités ou des chapitres qui peuvent intéresser, b) s’intéresser aux sujets d’actualité (en lien avec les spécialités) et voir ceux qui questionnent, c) apprendre à noter sur support papier ou numérique les idées et les sources (base d’un carnet de bord pour le Grand Oral), d) apprendre à connaître les techniques de recherche et de veille documentaire avec les professeurs documentalistes.
 

 

VII) Critères d’évaluation :

  • On met en avant la question que l’élève doit se poser pour répondre par une thèse (une position qu’il voudra défendre) qui lui soit propre : la problématisation qui permet d’élaborer une question.
  • Ensuite, on insiste sur les arguments qui conditionnent la maîtrise du propos.
  • Puis, on pourra valoriser la qualité des références, citations, analyses d’exemples et d’œuvres : les références documentées.
  • La scénarisation des contenus écrits sera également un critère d’évaluation, avec des plans proposés : pas de contenu sans forme.
  • La qualité de l’oralisation sera prise en compte : des exercices peuvent être proposés pour la quantité et la qualité de cette oralisation, comme l’intonation, les pauses et les silences.

 

VIII) La posture de Jury du professeur

  • Pour le professeur, la gestion des contenus proposés ou choisis par les élèves impose de déterminer avec eux (sans leur imposer une question toute faite) la question (ou problème) qui sera le fil rouge de l’élaboration de leur thèse soutenue en 5 minutes. Le professeur apprend donc, par les contenus qui intéressent l’élève, à lui permettre d’élaborer la question dont il doit mûrir la production ainsi que la réponse.
  • En notant les productions écrites, le professeur se rend compte du problème qui a été posé (la question choisie par l’élève) et des moyens argumentatifs et du scénario envisagé pour y apporter une réponse ou des solutions.
  • En notant les productions orales, le professeur pourra adopter une posture de jury relative aux contenus et à la forme du discours, faire des remarques individualisées relatives à sa posture de jury du Grand Oral, en s’aidant de la grille indicative du Grand Oral.

 

IX) Bilan

Réussites :

  • Les élèves prennent conscience qu’il ne suffit pas d’avoir fait des recherches pour bien construire un problème ou une question. Une démarche critique est nécessaire, ainsi que la nécessité de lever des paradoxes.
  • Le fait d’imposer une oralisation en 5 minutes de la thèse écrite induit une démarche de scénarisation des contenus pour aller au principal, dans le but de convaincre.
  • Le fait d’exposer sa thèse écrite et orale (dans un local, une salle, du Lycée) aux autres impose à l’élève de s’habituer au jugement de ses pairs et possiblement à celui du jury, puisque le professeur qui corrigera les travaux peut se placer dans une posture de Jury de Grand Oral.
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Limites :

  • Les recherches prennent du temps et il est facile de tomber dans la juxtaposition de données ou d’être tenté par la reprise d’éléments du programme, voire de chapitres, sans problématiser.
  • Une fois la thèse oralisée (et disponible via un QRcode), l’élève n’a pas à la défendre lui-même oralement.
  • L’évaluation des productions écrites et orales ne se fait pas en présence de l’élève, qui ne pourra se défendre ou expliquer pourquoi il a soutenu tel ou tel argument ou fait appel à tel exemple. L’élève ne peut justifier ses contenus ni sa démarche.
  • Point de vigilance : afin de comprendre la portée de l’exercice, les élèves doivent connaître les préalables du Grand Oral.
  • On pourra télécharger ici notre présentation du Grand Oral en première ou en début de terminale, sur les essentiels du Grand Oral.

 

Bilan prospectif :

  • La thèse écrite, puis oralisée, pourrait devenir le point de départ d’autres exercices qui consisteraient à exposer oralement leur thèse à la classe ou à un groupe de pairs, afin de s’en défendre par les questions qu’on pourrait leur poser.
  • On pourrait s’engager dans une démarche plus orientée sur la partie 2 et 3 du Grand Oral. Dans cette optique, l’élève devrait justifier ses contenus et sa démarche, voire faire un lien avec son orientation post-bac.

 

X) Exemples de productions d’élèves

Il s’agit de productions écrites (thèses) avec, à la fin de la partie écrite, un QRcode renvoyant à l’oralisation de cette thèse en 5 minutes.

Thèse : “Préserver la nature et les espèces en développant un droit pour l’animal”

Thèse : “Penser un nouveau droit pour la nature et les milieux”

Thèse : “Recourir aux mythes pour repenser nos rapports à la nature”

Thèse : “L’art comme moyen d’éviter le pire”

 

XI) Photographies du projet

 

 

 

 

 

 

 

 

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